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Une entrevue avec la cycliste professionnelle Maghalie Rochette

Étant donné la popularité grandissante des courses de gravel et de cyclo-cross, Triathlon Magazine Canada s'est entretenu avec Maghalie pour en apprendre davantage sur ces sports et pour répondre aux questions que tous les novices se posent.

par Antoine Jolicoeur Desroches

Maghalie Rochette est une cycliste professionnelle qui excelle en cyclo-cross et en vélo de montagne. Maghalie fait du vélo depuis qu’elle a 4 ans et elle est toujours aussi passionnée par ce sport. L’athlète des Laurentides a compétitionné plusieurs années en triathlon avant de découvrir le cyclo-cross à 18 ans. 

Étant donné la popularité grandissante des courses de gravel et de cyclo-cross, je me suis entretenu avec Maghalie pour en apprendre davantage sur ces sports et pour répondre aux questions que tous les novices se posent.

Photo: courtoisie Maghalie Rochette

TMC: Le vélo de cyclo-cross et de gravel sont de plus en plus populaires. Les compétitions de gravel comme Rasputitsa et le Dirty Kansas, ainsi que les compétitions de cyclo-cross attirent de plus en plus de cyclistes à chaque année. Selon toi, qu’est-ce qui explique le nouvel intérêt pour le cyclo-cross et le gravel? 

MR: Je pense que que les gens sont de plus en plus conscients des dangers de rouler sur la route avec les voitures, alors que les chemins de terre ou de gravel sont normalement plus tranquilles. C’est aussi un sens de l’aventure je crois – avoir des pneus plus gros et des vélos plus adaptés permet d’emprunter de nouveaux chemin et faire de nouvelles boucles «hors des sentiers battus » et ça c’est attirant je pense. 

TMC: De plus en plus de triathlètes intègrent des compétitions de cyclo-cross et de gravel à leur saison de triathlon, particulièrement le printemps et l’automne. Comment, selon toi, ces compétitions peuvent permettre à un triathlète de s’améliorer en cyclisme?

MR: En général, plus on passe de temps sur le vélo, plus on devient à l’aise. Mais avec le cyclocross ou les événements de gravelle, les parcours sont parfois accidentés et cela demande des habiletés techniques différentes que de rouler uniquement sur la route. Donc en général, je pense qu’on devient plus à l’aise sur le vélo, plus à l’aise techniquement et cela peut définitivement aider en triathlon. Quand on y pense, plus on est à l’aise/confortable sur notre vélo, plus on peut relaxer, et donc on économise de l’énergie. Être inconfortable ou avoir peur sur le vélo n’est pas seulement dangereux pour les risques de tomber, mais c’est aussi néfaste à la performance parce qu’on perd tellement d’énergie à être stressé et être « raide ». 

TMC: Quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui souhaite faire une première compétition de cyclo-cross ou de gravel?

MR: Honnêtement, je ne pense pas que je mettrais ces deux disciplines dans la même catégorie parce que bien que les vélos soient similaires, les deux disciplines sont tellement différentes. Une course de gravelle est souvent orientée vers l’aventure et se déroule normalement sur une longue boucle qui prend quelques heures à couvrir. Le cyclocross, c’est très différent; ça ne dure que 45min et c’est beaucoup plus intense. Les courses se déroulent sur des boucles qui prennent plus ou moins 8min à parcourir, sur des terrains àsurfaces variées et qui sont parsemés d’obstacles. 

Alors pour répondre à la question, je dirais qu’en général, j’encouragerais les gens à essayer un vélo de type CX ou Gravelle, et de sortir des sentiers battus lors de leurs entrainements. Les pneus plus larges rendent la ride beaucoup plus « smooth » et c’est super confortable et agréable. Des fois ça peut paraître épeurant, mais en fait, ces deux disciplines sont super accessibles – beaucoup plus que les courses de route à mon avis, car tu n’es pas obligé de rouler en peloton si tu n’es pas à l’aise. On peut rouler avec un petit groupe d’ami et l’esprit est généralement beaucoup plus ouvert. 

Puis, spécifiquement pour le cyclocross , je dirais que c’est probablement la discipline la plus accessible du cyclisme…même si ça ne semble pas l’être vu de l’extérieur! C’est normal de marcher ou courir un obstacle en cyclocross, alors personne ne va se moquer de quelqu’un qui marche. Puis, comme la course est assez courte, c’est plus facile de rentrer l’entrainement si quelqu’un a un horaire chargé. Alors j’imagine que mon conseil serait d’oser de l’essayer.

Photo: courtoisie Maghalie Rochette

TMC: Quelle est la différence entre un vélo de cyclo-cross et de gravel? Et si quelqu’un souhaite participer à quelques compétitions de cyclo-cross et de gravel, quel type de vélo devrait-il s’acheter?

MR: Bonne question. En général, les vélos sont similaires. Normalement un vélo spécifique de gravel aura un bottom bracket plus bas pour améliorer la stabilité lors de descentes de gravelle à haute vitesse. Sinon, ce n’est pas rare de voir les vélos de cyclcoross avoir seulement un plateau, alors que les vélos de gravelle ont plus souvent deux plateaux. 

Mais quelqu’un qui désire s’acheter un seul vélo pour pratiquer les deux disciplines? Peu importe le vélo que vous choisirez (gravelle ou CX) devrait faire l’affaire. 

À considérer : Si vous prévoyez « bunny hoper » les barrières en cyclocross, le bottom bracket plus bas du vélo de gravelle pourrait être dérangeant. Mais c’est une situation qui affecte peu de gens… 

En général, un vélo de gravelle pourra satisfaire vos besoins en cyclocross, et un vélo de cyclocross pourra très bien satisfaire vos besoins en gravelle. La différence majeure est de décidé si vous voulez un ou deux plateaux – mais si vous comptez faire les deux disciplines avec un vélo, j’opterais pour mettre deux plateaux sur le vélo question d’être plus polyvalent. 

TMC: Tu as compétitionné en triathlon avant de te concentrer entièrement sur le vélo de montagne et de cyclo-cross. Crois-tu que ton expérience en triathlon t’ait aidé en cyclisme? 

MR: Oui, je crois qu’on apprend de chaque expérience dans la vie, surtout lorsque tu dédies beaucoup de temps et d’efforts dans un certain domaine…ca fini toujours par être utile dans une autre facette de la vie. Par exemple, en triathlon, le volume d’entrainement est généralement plus grand qu’en cyclisme (jusqu’à un certain niveau). Alors je crois que de faire du triathlon étant jeune m’a permis d’apprendre à m’entrainer et d’augmenter ma capacité d’entrainement ; ce qui m’a aidé quand j’ai fait la transition en cyclisme. 

Je pense aussi que c’est bon d’avoir d’autres aptitudes que simplement pédaler. Tu deviens un athlète un peu plus complet et ensuite c’est plus facile de s’adapter à de nouvelles situations…surtout dans un sport aussi varié et dynamique que le cyclocross. Par exemple, je n’ai jamais complètement arrêté de courir après avoir quitté le triathlon et maintenant je fais encore des entrainements spécifiques de course à pied pour le cyclocross. Alors je n’ai pas eu besoin « d’apprendre » à courir quand je me suis lancé dans le cyclocross; j’ai simplement progressé vers différents types d’entrainements de course à pied. 

Photo: Zacharie Turgeon

TMC: Étant une ex-triathlète et étant donné tes habiletés en vélo de montagne, aimerais-tu participer à un triathlon X-Terra un jour? 

MR: Je ne dis pas non! En fait, j’en ai déjà fait un il y a quelques années et j’avais bien aimé! Alors je ne dis pas non, mais pour l’instant, je me concentre vraiment sur le cyclocross…il faudrait que je me remettre à nager parce que disons que mes bras ont perdu pas mal de force! 

TMC: Finalement, quel conseil tu as reçu dans ta carrière de cycliste qui t’a beaucoup aidé et que tu souhaiterais partager avec les gens?

MR: Je dirais qu’il n’y a pas de secret ou de recette secrète pour atteindre le succès. Ce n’est pas UNE chose ou UN détail en particulier qui nous permet de s’améliorer drastiquement du jour au lendemain. En fait, je crois que le plus important c’est la constance…être constant à l’entrainement jour après jour et constamment faire de son mieux, même dans les journées où ça ne va pas bien. Et en lien avec la constance…la santé! La santé doit rester la priorité, parce que si on n’est pas en santé (malade, blessure, etc.) on perd la constance. 

TMC: Merci beaucoup pour ton temps et bon succès pour le reste de ta saison!