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Vaincre le Norseman! Entrevue avec Xavier Jourson

Un ancien joueur de rugby participe à l'une des courses les plus difficiles du sport

Photo by: Stephane Mantey

We featured Xavier Jourson last year in Triathlon Magazine Canada.

Salut Xavier, merci de prendre le temps pour répondre à quelques questions. 

Je souhaitais faire une entrevue avec toi puisque tu t’es donné un défi énorme, soit de compléter le triathlon Norseman qui est considéré comme le triathlon le plus extrême au monde. C’est un triathlon distance Ironman (3.8 km de natation, 180 km de cyclisme et 42.2 km de course à pied) qui se déroule dans les fjords de la Norvège et qui accumule une élévation positive de plus de 5000 m!

Ce que je trouve également très honorable c’est que tu t’es donné la mission de briser les stéréotypes et de faire découvrir le sport du triathlon chez la communauté noire.

Tout d’abord, tu es présentement un triathlète qui s’entraîne pour un gros défi et préalablement tu étais un joueur de Rugby professionnel. Quand et comment le sport a pris une place importante dans ta vie? 

Le sport a opéré très tôt dans ma vie, j’ai commencé par le football (soccer). Mon poids fut rapidement un frein, ce qui a fait que j’ai terminé dans les buts…LOL…

À mes 14ans, influencé par quelques amis, je me suis essayé au rugby. J’ai adoré dès le départ!

Dès que j’ai senti que j’avais certaines aptitudes pour aller plus loin, je me suis mis à fond dedans.

Photo: Fabien Kouamé

Comment ta carrière de joueur de Rugby professionnel s’est terminée?

Pas comme je le voulais il me restait un an de contrat avec un club, 6 mois après une mure réflexion j’ai dit ok…j’en ai marre, j’arrête…

Suite à la fin de ta carrière de joueur de Rugby professionnel, comment as-tu découvert le sport du triathlon?

À la suite de la lecture d’un livre durant le début du confinement en 2020, je me suis acheté un vélo… Bien que j’aie arrêté ma carrière de rugby en 2016, j’ai toujours continué à m’entraîner (gym, basket, crossfit, etc…). Le gout de l’effort à vélo m’a redonné l’envie de challenge et de défis. Un soir, après plusieurs bières, un ami, m’a demandé quelle était la prochaine étape. Il m’a parlé du Norseman… Instinctivement et par orgueil j’ai dit « Je veux le faire » ; ce fut le début du projet!

Photo: Fabien Kouamé

Les sports du Rugby et du triathlon long distance sont complètement à l’opposé, qu’est-ce que tu trouves le plus difficile dans ta préparation pour ce défi? Est-ce qu’il y a tout de même quelques ressemblances entre ces deux sports? 

Un des éléments importants de ce projet, que beaucoup font abstraction est le fait de devoir apprendre un nouveau sport, tout en le pratiquant. Les réactions de mon corps ont été terribles autant en termes de perte de poids, que de posture. Rester 6 heures sur un vélo de 9 ou 10 kg nécessite un apprentissage selon moi aussi.

Néanmoins, le rugby m’a apporté la rigueur, le mental et le challenge constant. Ce sont des éléments qui sont nécessaires à la pratique de ce genre d’évènements.

Quels sont les plus gros défis que tu as eu à affronter et quels sont les défis que tu vas devoir affronter durant le reste de ta préparation et lors de l’évènement?

Le premier défi à affronter a été le regard des gens, bien évidemment.

Mon premier 100km de vélo m’a aussi marqué psychologiquement.

Puis il y a l’ascension de l’Alpe d’Huez en France, soit ma première vraie ascension; un merveilleux souvenir de souffrance!

Bizarrement, nager avec une combinaison wetsuit est un véritable défi pour moi, je te dirais qu’il m’a fallu un bon mois durant l’été pour être à l’aise.

Concernant le plus grand défi à venir, c’est l’acclimatation au FROID norvégien durant plus de 15h risque d’être sympa! 😉

Photo: Fabien Kouamé

Est-ce que tu as un entraîneur qui t’aide avec la planification de l’entraînement ou fais-tu parti d’un club de triathlon? Également, es-tu également accompagné dans ta préparation par des physiothérapeutes et psychologues sportifs?

Je travaille avec Georges Gay qui est mon entraineur en Chef, il est associé au Club Elite Triathlon de Montréal. De ce fait, j’ai la chance de pouvoir m’entrainer avec plusieurs personnes, un fait important pour moi qui passe d’un sport collectif à un sport individuel. Je travaille également avec une équipe médicale de physiothérapeute et massothérapeute depuis le début du projet. Pour ce qui est de la partie psychologique, je me documente beaucoup. Je n’ai pas encore exploré cette piste, j’attendais les 6 derniers mois! 

Le Norseman a lieu cet été au mois août, comment se déroule présentement ta préparation?

Nous sommes à 24 semaines de l’évènement, le rythme et l’intensité des entrainements se sont accélérés, je suis vraiment dans le dur! Les distances se sont allongées et l’enchainement des séances aussi. De plus, le Covid n’arrange rien.

Mon corps se porte mieux, malgré le fait que j’ai plein de petits bobos. L’acquisition de bon matériel m’a vraiment aidé dans ma préparation. Le mental se porte au beau fixe… j’attends de meilleurs jours pour sortir le vélo.

Très peu de triathlètes noirs prennent part à des triathlons et jusqu’à maintenant aucun triathlète noir a participé au Norseman. Pourquoi crois-tu qu’il y ait si peu de triathlètes noirs?  

C’est une des premières questions que je me suis posées en débutant cette aventure : pourquoi ??

J’ai quelques éléments de réponse. Le triathlon n’est pas un sport conventionnel ou pratiqué par tous. Bien souvent tu t’inities à un sport par hérédité, ou par le biais scolaire. Donc peu de familles noires ont de l’appétence dans ce sport. Également, le matériel est un aussi une problématique dans ce sport, il est onéreux, même très onéreux. Puis en dernier, c’est la popularité du sport (ou plutôt le manque de popularité) qui est à mon sens n’est pas assez exposé. Le triathlon est l’un des sports les plus durs au monde, mais très peu médiatisé. De nos jours, pour faire des adeptes de ce sport il faut l’exposer beaucoup plus.

Quel message souhaites-tu envoyer en complétant le Norseman?

Briser la loi de l’impossible! J’ai tellement entendu dire que c’est impossible, donc je souhaite vraiment voir si c’est impossible sur le plan sportif. Sur le plan sociétal, je souhaite briser les inégalités. Si moi j’ai pu réussir à accomplir (je l’espère) cette course, j’ouvre la porte à une communauté ou une génération entière qui arrive avec des envies et des rêves.

Photo: Fabien Kouamé

As-tu déjà d’autres défis prévus après avoir affronté le Norseman?

Ouchh… je suis en réflexion sur plein de choses, mais je t’avoue que je suis bien Fan de vélo et de grosses ascensions, alors à suivre…

Comment les gens peuvent te suivre dans ton cheminement et supporter?

Je suis extrêmement présent sur Instagram, c’est là-dessus que je réfère ma communauté. LinkedIn est aussi un excellent moyen pour moi de faire rayonner mon projet. Je communique également sur Facebook et youtube.

IG : @xavierjourson

https://www.facebook.com/xavierjourson

https://www.xavierjourson.com

https://www.youtube.com/channel/UCZyRMXi9jdpxthcMQ_TJeaA

En parlant de support, tu as le support de plusieurs compagnies et de la fédération de triathlon Québec. Quelles compagnies font partie de ton équipe qui t’accompagne dans ton cheminement?

J’ai eu la chance, ou plutôt par travail et abnégation, de rejoindre l’équipe de Trek , Castelli, Saris, Coros et Strava. Je travaille fort pour réaliser mon rêve de concrétiser un partenariat avec une grande marque de running avec une virgule…shuuttt…

Merci beaucoup pour ton temps et je te souhaite beaucoup de succès! En espérant pourvoir discuter avec toi en août après l’accomplissement de ce gros défi!