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Entrevue avec Olivier Forest

Olivier Forest nous parle de son camp d'entraînement au Kenya et de ses plans pour la saison 2021

Triathlon Magazine Canada: Tout d’abord, depuis quand fais-tu du triathlon et comment as-tu débuté le triathlon?

Olivier Forest: Je fais du triathlon depuis un peu plus de 4ans. J’ai décidé de commencer à m’entrainer un peu à la course par moi-même quand j’avais 15 ans et puisque je suis assez léger, il a été assez facile de progresser pour moi au début.

Ensuite, mon ami et collègue de classe Pavlos Antoniades m’a toujours inspiré par sa discipline et son assiduité autant à l’école que dans son sport, que j’ai décidé de commencer à faire des compétitions. C’est avec l’aide d’Isabelle Gagnon au début et maintenant Pascal Dufresne que je suis bien accompagné dans ce cheminement.

Je suis donc parti à zéro, je ne savais pas nager et n’avais jamais fait du vélo de route. C’était compliqué au début, mais j’aimais ça!

L’année dernière tu t’es entraîné au Kenya pour une période de plusieurs semaines. Tout d’abord, pourquoi le Kenya? Deuxièmement, comment a été ton expérience là-bas?

Oui en effet,

J’ai décidé de m’envoler pour le Kenya, car la plupart des personnes qui m’inspirent sont des coureurs kenyans ou s’entrainent là-bas. Ce que j’apprécie vraiment d’eux c’est que ce sont des personnes qui se donnent tous les moyens nécessaires pour réussir et ils bossent très dur. Aussi, ce qui m’a toujours impressionné avec le Kenya c’est la densité de talent qu’il y a dans ce pays à la course à pied. Non seulement dans le petit village de Iten qui peut être comparé en termes de superficie au 1/5 de Trois-Rivières, tout le monde court, mais ils ont tous un niveau incroyable et seraient facilement dans les meilleurs ici au Canada.

J’ai été vraiment chanceux dans mon voyage, car premièrement, j’ai eu la chance de rencontrer pratiquement tout le monde qu’il y avait à voir. J’ai eu la chance d’aller voir à deux reprises le recordman du monde au marathon et le premier homme à courir sous les 2 heures au marathon : Eliud Kipchoge. J’ai également vu Mo Farah qui était sur place pour un camp d’entraînement. J’ai eu la chance de discuter avec Julien Wanders autour d’un diner au restaurant de sa copine et j’ai pu assister à l’une de ses séances. Par contre, je crois que ce qu’il m’a le plus plu a été de vivre et d’habiter avec les athlètes de l’équipe de France pendant la majorité du temps que j’étais là-bas, je me suis fait de très bons amis avec eux, le photographe de Jimmy Gressier, ainsi que toutes les autres personnes qui étaient en stage au Bob Tahri Center.

Cependant avant de partir là-bas je m’étais fait une déchirure musculaire dans la bandelette, donc je n’ai pas pu courir autant que je le désirais là-bas, mais j’ai pédalé quand même avec un vélo de fortune! Les deux dernières semaines j’ai pu recommencer pour de vrai même si la forme n’était pas au top.

Qu’est-ce que tu as appris de ton expérience au Kenya? As-tu changé ta façon de t’entraîner depuis ton séjour au Kenya?

J’ai appris que les limites à l’entraînements, si on relativise c’est un peu bidon. Tandis qu’eux vivent dans la pauvreté et tentent leurs chances pour gagner qu’une seule course pour se permettre de vivre, alors pourquoi je m’arrêterais à des paces/chiffres donnés alors que je sais que je peux aller plus vite ou pousser plus? Oui il est important d’être bien structuré dans son entrainement, mais quand il arrive à pousser dans l’effort il est important de laisser ses doutes et sa tête de côté.

Je ne crois pas vraiment que ça a changé ma façon de m’entrainer, mais à mes débuts en triathlon je faisais déjà cela, j’avais du plaisir et je n’essayais pas trop de réfléchir et je poussais du mieux que je pouvais, alors je crois que ce stage m’a juste rappelé que l’entrainement est censé être quelque chose de simple et il n’y a pas de secrets à aller chercher. Je crois que tout le concept de overpace est simplement parce que la séance n’est pas assez difficile, je ne me fis pas vraiment aux paces/watts mais au mieux que je peux faire sur l’entièreté de la séance.

Je me dis souvent : « Si ça fait mal en ce moment, imagines en course » Ça m’aide à relativiser et à compléter la séance en force.

Cette année sera ta première année en triathlon longue distance, quelles sont tes attentes et comment as-tu modifié ton entraînement pour faire face à ce nouveau défi?

Je crois que ce type de distance me va vraiment bien, car je suis quelqu’un qui est meilleur sur l’endurance et je n’ai pas trop de misère à m’entrainer seul, même si je préfère être accompagné. Je suis confiant que les gains que je fais en ce moment en vélo vont bien me servir puisqu’il s’agit de la partie la plus important de la discipline.

Il est clair que bientôt je vais commencer à faire des intervalles plus spécifiques à cette distance et que je vais pratiquer beaucoup ma position de contre la montre sur mon vélo, car pour l’instant ce n’est vraiment pas évident pour moi! Je n’ai pas vraiment d’attentes, mais il est clair que je veux faire un temps rapide dès ma première participation.

Comment a été ton année 2020 et comment tu fais pour rester motivé malgré l’annulation des compétitions?

En 2020 j’ai retrouvé la passion que j’avais pour ce sport que j’avais un peu délaissé ces deux dernières années. Je commençais trop à chercher une recette comment être meilleur et je n’avais plus le plaisir que j’avais à mes débuts. Je me souviendrai toujours du camp d’entrainement de triathlon Québec en floride en 2017 où je venais de commencer le triathlon. J’ai eu la chance d’être entouré de plusieurs bons athlètes qui m’inspirent (Alexis Lepage par exemple) et de m’entrainer avec eux. J’en suis ressorti avec pleins de trucs et de conseils et j’ai eu tellement de plaisir et de rires à ce camp que je trouve que le sport est formidable, car il rassemble pleins de gens passionnés. C’est l’un de mes plus beau souvenir dans ce sport.

Donc en 2020, je considère que je suis retourné à la simplicité et j’ai gardé une très bonne discipline en m’entrainant fort et en aimant ce que je fais. C’est sûr que j’aurais aimé faire des compétitions, mais je crois que c’est ce dont j’avais besoin pour mieux continuer en tant qu’athlète.

Décris nous une journée typique d’entraînement?

Ces temps-ci je fais beaucoup de vélo, car depuis octobre je me suis fait une fracture de stress au tibia suite à un reprise un peu trop rapide à la course suite au « off season ». Donc, je dirais depuis fin octobre, moi et Pascal en avons profité pour développer mes habiletés en vélo. Depuis 3 mois j’ai fait de très gros progrès, car je travaille très dur et je fais des semaines en vélo avec des moyennes de 15-16h minimum. Donc pour moi une journée type serait soit un 2-3h de vélo « ez » avec une musculation et du ski de fond ou bien une séance d’intensité en vélo d’une durée de 2h à 3h.

As-tu des trucs ou des conseils à donner aux gens pour les gens qui ont de la difficulté à s’entraîner tout l’hivers, particulièrement pour rendre le vélo d’intérieur plus amusant (ou du moins, moins ennuyant!)?

Oui c’est encore mon ami Pavlos qui m’a fait découvert Zwift, il s’agit d’un monde virtuel ou tu peux faire du vélo avec plein d’autres personnes à travers le monde. Je trouve que le temps passe beaucoup rapidement là-dessus, car tu es concentré sur ce que tu fais et c’est plus encourageant. Il arrive que même des fois cet été je préférais faire mes séances là-dessus plutôt qu’aller dehors haha!  Aussi je suis toujours accompagné de ma musique, je ne mets pas toujours des trucs motivants, mais de la musique que j’aime suffit. J’écoute beaucoup celle des années 80-90!

Il y a également des courses sur Zwift, Triathlon Quéec a pris l’initiative d’organiser une série de courses pendant ces temps difficiles et je dois dire que même si ce n’est pas comme des vraies compétitions, ça me garde motivé!

Aussi, comme conseil je dirais qu’il est mieux mentalement et physiquement de s’entrainer un peu toute l’année que de repousser à plus tard et faire des gros blocs d’entrainements.

Quels triathlons souhaites-tu prendre part en 2021 et as-tu des objectifs de performance à moyen et long terme?

Je suis présentement en train de planifier ma saison, mais il est certain que j’aimerais courir parmi les « PRO » et le reste serait à voir!