Partie 2: Entrevue avec Guillaume Coutu – Physio Vélo
Partie 1: Entrevue avec Guillaume Coutu – Physio Vélo
Les douleurs au dos sont assez fréquentes chez les cyclistes et triathlètes. Comment peut-on prévenir et guérir des maux de dos ressentis lorsque l’on fait du vélo?
La capacité de se « plier » en deux sur un vélo de triathlon est différente pour chaque athlète. Il faut d’abord déterminer cette limite fonctionnelle chez l’athlète afin de ne pas la dépasser lorsqu’on optimisera le positionnement. Il faut apprendre à respecter cette limite et ne pas chercher à descendre le poste de pilotage au maximum à n’importe quel prix.
Un deuxième élément de réponse: le renforcement et la musculation. Un minimum de 1 séance par semaine devrait être consacrée à faire des mouvements de base, comme le squat et les fentes afin de favoriser la stabilisation du tronc, la mobilité à la hanche et le recrutement des muscles spécifiques comme le moyen fessier (un classique de physiothérapeute).
Finalement, il faut apprendre à s’entraîner dans les barres « aéro ». Passer du temps dans les « barres » et réussir à pousser ses « watts » sur un vélo de triathlon pour un athlète qui avait un vélo de route auparavant ne se fait pas du jour au lendemain!
- Consultez un professionnel de la physiothérapie si les problèmes persistent.
Certaines personnes préfèrent un long bras de pédalier tandis que d’autres préfèrent un bras de pédalier court. Comment choisir la bonne taille de bras de pédalier?
Ça, c’est une question très à la mode!
Dans le contexte, où les athlètes recherchent une position très aérodynamique, peu importe le niveau, c’est une question très fréquente. Avant de répondre à la question, notons que les gains d’aérodynamisme commencent à être très importants si l’on maintient une vitesse moyenne de plus de 35 km/h environ.
Donc, lorsque le cycliste essaie de se « plier » en deux sur le vélo, tel que mentionné précédemment, il y a une certaine limite fonctionnelle à respecter. Si l’on analyse l’angle entre le tronc et la flexion de hanche maximale en position aérodynamique, il sera possible d’améliorer le positionnement en jouant avec une longueur de manivelle plus courte.
Dans un exemple classique d’un triathlète de 5 pieds 8, sur un vélo « small », avec des manivelles de 172,5mm, ayant une mobilité de hanche sous la normale, nous allons probablement être limités dans l’optimisation du positionnement!
C’est complexe à expliquer à l’écrit, mais j’ai déjà fait une capsule vidéo sur le sujet sur la page Facebook Physio Vélo.
- Rassurez-vous une manivelle plus courte n’aura pas d’incidence négative sur vos performances.
Quels sont tes trucs pour améliorer le positionnement d’un triathlète longue distance ou d’un cyclisme de contre la montre?
Il y a deux questions ici, alors je vais te donner 2 réponses.
Triathlon longue distance (70.3 et plus): Dépendamment de la position de départ et des motifs de consultation, le positionnement évoluera de manière différente. En général, il est important de trouver un bon équilibre au niveau de la répartition du poids de l’athlète entre la selle et le cockpit. L’athlète doit être capable de pousser ses « watts » tout en étant aérodynamique et confortable (c’est relatif).
On voit souvent, une position plus avancée au niveau des appuis chez les triahtlètes que chez les coureurs de Contre-La-Montre (CLM).
Ce qui m’amène à la deuxième réponse en lien avec les coureurs de CLM. Fait à noter très important, les coureurs de CLM sont en général soumis aux règles de positionnement de l’UCI. Les athlètes doivent passer à la « JIG » avant la course afin de faire valider leur positionnement par les commissaires cyclistes.
Ces règles de positionnement nous donnent les grandes lignes de notre positionnement lorsqu’on reçoit des coureurs de CLM à la clinique. Après, il faut aussi connaître les différentes dérogations permises en fonction de la taille des coureurs et des particularités de chaque évènement. C’est vrai casse-tête en début de carrière, mais maintenant, je dirai que c’est une clientèle que j’apprécie particulièrement recevoir à la clinique étant donné le défi technique derrière les positionnements de CLM.
En général, pour le CLM, on est souvent aux limites des règles de l’UCI par rapport à l’avancement des appuis de la selle et des prolongateurs. Après, certains cyclistes sont plus avantagés que d’autres grâce à leur morphologie. Je pourrai vous parler de ça toute la journée… C’est un sujet sans fin chez les coureurs de CLM.
Quels étirements suggères-tu aux gens qui veulent améliorer leur flexibilité et mobilité spécifiquement pour le cyclisme?
C’est une excellente question que les patients me posent souvent en clinique. Encore une fois, la réponse est très nuancée. En général, « ça dépend » est ma réponse préférée.
Je dirais que la plupart du temps, les gens devraient consacrer plus de temps à faire du renforcement qu’à faire des étirements. Je m’explique. La majorité de ma clientèle travaille 40h/semaime et consacre de 5 à 10 heures par semaine à l’entraînement. Dans ce contexte, le facteur le plus limitant pour le confort et la performance est généralement un manque de force et/ou de stabilisation chez le cycliste. La situation s’aggrave lorsqu’on parle d’un travail de bureau 40 heures par semaine et que la majorité des déplacements sont faits en voiture. La posture et le renforcement sont, dans ce cas classique, une priorité pour le cycliste, plus que les étirements. J’aime bien expliquer aux patients le ratio coût/bénéfices des exercices que je leur propose.
Tu sembles accorder beaucoup d’importance à la musculation pour améliorer la performance en vélo, as-tu des exercices de prédilection à suggérer?
En fait, je me dois, en tant que phytothérapeute de donner tous les outils à mon patient pour qu’il puisse progresser. Encore une fois, l’optimisation du positionnement n’est qu’en partie du travail lorsqu’on veut permettre à un cycliste de s’améliorer. Les exercices de renforcement et la musculation en générale sont donc des éléments qui permettent au cycliste de progresser sur son vélo. Avec l’approche de plus en plus scientifique par rapport à l’entraînement, il est désormais évident que le temps que l’on passe à s’entraîner de manière spécifique à l’extérieur du cyclisme est essentiel à la progression d’un athlète et la prévention des blessures. Il ne faut pas oublier, en terminant, que le cyclisme est un sport extrêmement répétitif. Il est donc primordial de diversifier la tâche afin de favoriser les adaptations chez l’athlète.
Merci beaucoup pour ton temps.
En espérant avoir répondu à quelques questions pertinentes pour le public, je demeure disponible via les médias sociaux Facebook et Instagram pour répondre aux interrogations.